C’est fortuitement que Claude Guillemet a découvert toute la richesse des épaves des cimetières de bateaux de Bretagne.

En recherche de sujets  pour sa peinture abstraite, il s’est approché de plus en plus des coques de ces épaves, au point de découvrir à quelques centimètres de distance, des richesses insoupçonnées de formes et de couleurs. En effet, le soleil et le vent, l’eau et le sel révèlent au fil du temps et de façon aléatoire les couches successives de peinture du bateau – les pêcheurs se souciant apparemment peu de caréner leurs coques en bois et repeignant par-dessus les anciennes couches. Au fil du temps, la peinture n’est souvent plus qu’un souvenir et les fibres du bois proposent des figures parfois étonnantes. D’autres fois, les couleurs sont toujours présentes et même saturées comme à l’origine. Quant aux bateaux en fer, la peinture a depuis longtemps disparu et les éléments ont rongé le métal, créant des irisations aux couleurs étonnantes et des fantasmagories mystérieuses qui répondent aux composants de l’acier.

Ces visions rendues possibles par la photographie numérique sont souvent de taille très réduite - quelques centimètres carrés - et nécessitent une longue approche. Au final, c’est au spectateur de mettre les mots sur ce qu’il voit, sans qu’il soit besoin d’aucune tentative d’explication : la porte est laissée ouverte à son imaginaire sans aucun a priori.

Claude Guillemet se prit au jeu et entreprit par la suite de recenser et d’explorer les cimetières de bateaux qui parsèment le littoral breton-une partie du patrimoine menacée à court terme par la modernité. Au bout du compte, après plusieurs années de recherches, il réalisa que le fruit accumulé de cette recherche constitue un projet artistique en soi et il présente ici une sélection extraite du projet qu’il baptisa « Couleurs d’estran ».